MEDIAPART. Malgré le succès de la Gay Pride organisée ce jeudi à Jérusalem, un an après l’assassinat par un extrémiste juif d’une adolescente qui participait au cortège 2015, le chemin vers la tolérance et l’acceptation de l’homosexualité en Israël, et particulièrement dans la ville sainte, reste encore long.
À Jérusalem, dans les rues comme dans les transports en commun, les forces de sécurité israéliennes sont omniprésentes, prêtes à déjouer la prochaine tentative d’attentat palestinien. Mais ce jeudi 21 juillet, c’est contre une autre menace, celle de l’intolérance, que plus de 2 000 policiers et militaires ont été déployés le long du défilé de la Gay Pride, du gan Hapa’amon (parc de la Cloche de la liberté) au gan Ha’Azmaut (parc de l’Indépendance). Un défilé qui a battu tous les records d’affluence, avec plus de 30 000 personnes selon les organisateurs. « Même Obama » aurait pu « se sentir en sécurité dans le cortège », plaisantait deux jours auparavant Tom Canning, directeur adjoint de l’ONG Jerusalem Open House for Pride and Tolerance, organisatrice de l’événement. Signe que le dispositif n’avait rien de superflu, 30 suspects qui projetaient de perturber la marche ont été arrêtés, certains en possession de couteaux. D’autres avaient été mis en détention préventive, comme le frère du juif extrémiste Yischai Schlissel.
L’année dernière, Yischai Schlissel avait semé la terreur dans le cortège en poignardant plusieurs participants, dont une adolescente de 16 ans, Shira Banki, qui avait succombé à ses blessures. La police soupçonnait l’ultra-orthodoxe d’avoir voulu fomenter une nouvelle attaque cette année depuis sa cellule, alors qu’il purge une peine de prison à perpétuité. Yischai Schlissel avait déjà été condamné pour une agression similaire lors de la Gay Pride de 2005. Libéré avant la fin de sa peine, il avait publiquement, quelques jours avant le meurtre de Shira Banki, appelé les « juifs qui croient en Dieu » à prendre le risque d’être blessés ou mis en prison pour empêcher la Gay Pride d’avoir lieu. Ce qui avait poussé l’opinion à s’interroger sur « l’impunité » dont bénéficieraient les extrémistes juifs.
Un an plus tard, la mort de Shira Banki a le mérite d’avoir fait bouger quelques lignes. « Ce qui est clair, c’est que les déclarations homophobes ne sont plus légitimes », constate Tom Canning…
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