LA REVUE DU CRIEUR/ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE. Vitrine privilégiée d’un jeune État reconnu pour son audace et son inventivité, la culture israélienne a longtemps été très libre, y compris à des fins de propagande “démocratique”. Le rayonnement de nombreux artistes et intellectuels israéliens, souvent partisans du camp de la paix, a en effet permis à Israël de montrer un autre visage au monde que celui d’une puissance occupante. Mais depuis une dizaine d’années, la donne a considérablement changé. Obsédé par l’idée de faire taire toute voix dissonante ou critique à l’égard d’Israël, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a lancé une vaste politique de mise au pas de la liberté d’expression dans les milieux journalistiques, culturels et académiques. Une loi a notamment été élaborée pour couper leurs subventions aux artistes jugés “déloyaux” envers l’Etat hébreu.
Stupeur et tremblement en direct. Le 9 mai 2017, la présentatrice vedette de la chaîne de télévision publique israélienne Arutz 1, l’équivalent de France 2, interrompt son journal pour lire un communiqué qui vient de lui parvenir. Elle annonce qu’à la suite d’un vote au Parlement israélien la chaîne cessera d’émettre le soir même. « À la fin de la journée, beaucoup de gens vont perdre leur emploi. J’espère qu’ils trouveront un autre travail, et que l’audiovisuel public continuera à être fort, même s’il continue sous une autre forme », dit-elle, des sanglots dans la voix. La radio publique israélienne est également concernée. Celle-ci et Arutz 1 seront remplacées une semaine plus tard par une nouvelle Corporation de radiodiffusion publique (Kan).
Cet épisode brutal a marqué la fin de trois années de mobilisation contre une vaste réforme de l’audiovisuel voulue par le gouvernement israélien. Officiellement, le projet visait à redonner du souffle à un service public sclérosé et en perte de vitesse face aux chaînes privées. Mais les commentateurs israéliens y voyaient plutôt un moyen pour le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, de mettre au pas des antennes et des journalistes auxquels il avait maintes fois reproché d’être « hostiles » à son pouvoir…
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