15 38 MÉDITERRANNÉE. De plus en plus d’Israéliennes s’emparent de Facebook et des médias pour dénoncer les violences sexuelles dont elles sont victimes. Seule façon de contourner une justice encore indulgente à l’égard des agresseurs.
Des hauts gradés de l’armée, un juge, un célèbre acteur ou encore des rabbins. En Israël, on ne compte plus les scandales sexuels qui ont frappé des personnalités publiques ces dernières années. «On assiste à une révolution. De plus en plus de femmes osent parler des violences dont elles sont victimes», se réjouit Orit Sulitzeanu, directrice de l’Association des centres de crise contre le viol en Israël (ARCCI). «C’est une révolution importante mais encore lente», nuance-t-elle toutefois. «La façon dont les institutions et l’opinion publique perçoivent et traitent les victimes doit encore évoluer», précise Noga Shahar, actrice israélienne et co-fondatrice du groupe Facebook Tzedek tzedek rodfot (Les poursuivants de la justice). Le groupe milite pour «éradiquer les accords de plaider coupable» proposés aux délinquants sexuels — une pratique courante en Israël. En permettant aux agresseurs de s’en tirer avec des peines de travaux d’intérêt général ou de simples amendes, «les institutions contribuent à la perpétuation des violences sexuelles», s’indigne-t-elle.
En 2016, l’affaire Ofek Buchris, du nom d’un général de l’armée israélienne inculpé pour viol, créé une onde de choc dans la société israélienne. Ses victimes font l’objet d’une campagne de dénigrement. Quant au militaire, il échappe à la prison après avoir accepté de plaider coupable. Pour faire réagir l’opinion publique, les associations organisent alors des manifestations. A Jérusalem, plusieurs centaines de femmes défilent dans les rues, certaines simplement vêtues de soutiens-gorge. «C’est une façon de reprendre le pouvoir, c’est revendiquer le fait de pouvoir s’habiller comme on veut, sans que les hommes puissent l’interpréter comme une volonté d’être violée», explique Noga Shahar. Tzedek tzedek rodfot organise également un rassemblement devant le quartier général de l’armée à Tel-Aviv.
Mais c’est une vidéo postée sur YouTube et abondamment partagée sur les réseaux sociaux, qui va frapper les consciences…
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