LIBÉRATION. Moins frontale que ses pairs, la Palestinienne évoque dans ses toiles l’occupation israélienne par le biais de l’intime.
Ramallah (Cisjordanie).-Hantés par leur expérience du conflit, désireux d’exprimer la souffrance de leur peuple, beaucoup d’artistes palestiniens se sont orientés depuis les accords d’Oslo vers un art ouvertement militant. Leurs œuvres dénoncent l’occupation israélienne à travers des références locales, comme le mur de séparation, les check points, les martyrs… Le travail de Rana Samara rompt avec cette tendance. La Palestinienne de 31 ans, diplômée de l’International Academy of Art Palestine de Ramallah, en Cisjordanie, a fait des femmes, du genre et des rapports sexuels la pierre angulaire de sa création. Des thèmes subversifs dans une société palestinienne toujours dominée par le conservatisme musulman, surtout lorsqu’ils sont abordés par une femme. «On peut toujours trouver un moyen intelligent de parler de ces sujets tabous, je me sens libre de parler de tout», balaie l’artiste qui vient de débuter une maîtrise en beaux-arts à l’université Northwestern de Chicago, aux Etats-Unis.
Sueur
Intriguée par les histoires et les non-dits que les mères transmettent à leurs filles, Rana Samara a d’abord collecté les témoignages de femmes palestiniennes. Elle les a même mises à contribution pour son installation Virginity Kerchiefs. Une série de pièces de tissus blancs, habituellement destinés à recueillir la tache de sang qui prouve la virginité d’une jeune mariée, sur lesquelles ces femmes ont brodé ou dessiné ce que représentait pour elles cette tradition. «J’ai eu le déclic après une visite dans un camp de réfugiés palestiniens, raconte-t-elle. Je me suis demandé quelle pouvait être la vie des couples dans cet espace étroit qui ne leur accorde presque aucune vie privée… »
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