MEDIAPART. Dans la seule commune d’Île-de-France aux mains du Rassemblement national, les habitants se divisent pour savoir si la victoire du mouvement de Marine Le Pen était un accident, lié à la division de la gauche, ou à une conquête de convictions sur une terre souvent délaissée. En attendant, ce sont les jeunes des quartiers populaires qui en paient le prix.
Mantes-la-Ville (Yvelines), envoyée spéciale.- Casquette camouflage vissée sur le crâne et doudoune sur le dos, Mamoudou Diop déguste un éclair au café. Son petit déjeuner. En 2015, sous le nom de scène Kaiser, il s’était fait connaître en sortant un album avec le groupe de rap La Turbulance. Il officie aujourd’hui comme manageur d’un club de foot local, le Mantes-la-Ville FC. En cette fin novembre, il nous a donné rendez-vous au centre commercial des Merisiers, un des quartiers populaires de la ville.
À deux pas de la cité où le Mantevillois de 38 ans a grandi et habite toujours, la halle à ciel ouvert est un peu décrépite. Entre un Franprix, une pharmacie et une boulangerie, plusieurs rideaux de fer semblent ne pas avoir été relevés depuis belle lurette. Un coiffeur, lui, enchaîne les clients. C’est dans son petit salon que Mamadou Diop nous invite à nous installer.
Longtemps restée dans l’ombre de Mantes-la-Jolie, sa voisine à la mauvaise réputation dans le sud des Yvelines, Mantes-la-Ville hésite entre campagne et béton armé, éventrée par l’A13 qui file vers la Normandie. Jamais dotée d’un vrai centre-ville, la commune périurbaine est considérée par beaucoup de ses habitants (20 000 environ) comme une « cité-dortoir » qui manque cruellement de dynamisme. Le chômage y caracolait à plus de 16 % en 2015.
« C’est une ville plutôt calme », résume Mamoudou Diop. Depuis une vingtaine d’années, il y a des histoires de bandes rivales entre quartiers. À la suite d’une rixe entre deux d’entre elles, fin octobre, 32 jeunes ont été interpellés par la police. « À certains moments, c’est chaud, mais les médias en font tout un plat », balaie-t-il…
Lire la suite de cet article publié en décembre 2018 sur le site de Mediapart.
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